Ah les joies du mailing ! On avance, non pas sur un jeu d'échecs, mais dans la globosphère,
planétaires et minuscules à la fois. Imperturbables aussi. Imaginez la scène,
tout d'abord.
Assis chacun devant notre boite à rêves, nous
envoyons par Internet à des groupes de personnes ces messages électroniques qui
nous dépassent dans l'espace.
Bien sûr, nous sommes d'autant plus satisfaits
d'appartenir à des fans club de tout plein de poètes recommandables, que nous
générons également notre propre fan club.
A cet égard, j'ose prétendre qu'une véritable amitié
est née entre quelques-uns d'entre nous. Jugez-en plutôt. Mon pote Hugues de La
Branque vient de m'écrire :
« Bonjour à tous
J'ai le plaisir de vous annoncer la parution de mon
dernier recueil de poésie « Fouette coucher », aux éditions de la
Mite Ultime. Je vous attends au box 12 X de l'allée T du salon des oies vertes
le 11 décembre 2016 pour la dédicace de cet ouvrage, qui est vendu au prix de
15 € (dédicace comprise) ».
C'est très sympa comme message. Je vous l'ai dit.
Nous sommes des intimes l'un pour l'autre.
Mais ce n'est pas tout.
Dans un élan d'affection, ne doutant pas un seul
instant que ma poésie soit moins vitale que toute autre, je rétorque :
« Chers confrères
Je vous annonce la publication de mon dernier
recueil de poèmes : « Légère imbécillité », aux Éditions de la
Ramée. Le prix de vente est de 20 €, port compris. Paiement autorisé par
chèque. Dépêchez-vous de commander ce livre avant le 29 février 2020, car il
n'en reste plus que quelques exemplaires ».
Et toc ! Je viens d'abattre mon as de pique. J'ai
sorti ma botte de Nevers. Comme dans un western de Sergio Leone, personne ne
cille au cours de ce face à face. Hugues de La Branque peut toujours m'écrire
deux fois encore cette année. Dans mon flingue poétique, j'ai trois recueils en
cours d'édition. Me voilà donc tout sourire face à la soi-disant carrière
poétique d'Hugues qui ne m'impressionne guère.
Nous achèterons-nous nos textes ? Vous
rigolez : pas le moins du monde ! C'est pour le cinoche qu'on
s'écrit. Au mieux, quand l'un de nous sera mort, l'autre se dira : merde,
je ne reçois plus ses sympathiques messages. C'est que nous sommes de vrais
écrivains, nous. On s'écrit entre les lignes et on s'aime entre les mots.
P.M.
P.M.
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